Chers camarades,

Parce que le chemin de sortie de crise est encore long, je veux d’abord vous dire mon soutien, pour vous, vos unités et vos proches. Continuons d’être attentifs aux autres – c’est notre devoir de gendarmes – mais également aux nôtres – c’est notre devoir d’hommes et de femmes responsables. Je veux aussi vous féliciter : dans des conditions de service inédites, vous vous êtes pleinement appropriés l’opération #RépondrePrésent.

Partout les retours sont unanimes, qu’ils viennent des préfets, des élus, des associations, de la population. Cet esprit que vous avez donné à la mission, c’est l’esprit de ce que nous sommes. Je suis certain que vous en recueillerez très vite les fruits dans vos contacts sur le terrain.

Lundi commence la sortie progressive du confinement. Ce n’est pas la fin de cette crise sanitaire, c’est une deuxième phase qui s’ouvre. Il nous faudra accompagner les débuts de cette manœuvre :  l’allégement des restrictions de circulation, la reprise partielle du chemin de l’école, la réouverture de commerces et d’entreprises vont entraîner une hausse significative des flux de personnes comme de biens. Il faut s’attendre à un épisode particulièrement sensible au cours duquel notre société va être exposée, brusquement et de nouveau, à l’ensemble des risques habituels : accidents, vols, cambriolages, trafics, agressions, avec un effet de « rattrapage » à ne pas négliger. Cette hausse brutale de l’activité s’accompagnera par ailleurs de la reprise du fonctionnement des administrations, notamment judiciaires.

Nous devrons rester mobilisés, réactifs, attentifs et disponibles. La crise sanitaire sera vraisemblablement suivie d’une crise économique et sociale qui exigera un engagement encore plus fort : une poursuite de notre engagement solidaire à l’égard des plus vulnérables dans l’esprit de l’opération #RépondrePrésent, un engagement de protection des libertés publiques et des institutions, mais également une vigilance de tous les instants quant aux menaces, multiples et violentes, qui pourraient être dirigées contre notre démocratie et nos valeurs.

Nous devons enfin rester conscients que l’épidémie n’est pas terminée, et que les risques d’une deuxième vague sont réels. Le respect des consignes sanitaires devra donc constituer un acte réflexe dans toutes nos actions comme dans notre vie quotidienne.

Pour toutes ces raisons, je veux tout d’abord que chacun puisse récupérer après cette période exigeante, tant physiquement que moralement. Pour cela, nos modes opératoires pourront être adaptés et les quotas de permissionnaires revus si besoin. Dans le même temps, je veux que les chefs veillent à lutter contre l’autoconsommation de nos forces : les actions de formation seront aménagées, les événements et réunions non indispensables seront repoussés ou annulés. Notre capacité de réaction dépend de notre faculté à ne pas se mettre dans le rouge dès le début : il est hors de question, à partir du 11 mai, de tout faire comme avant ! Dans ce même esprit, nos réponses aux sollicitations extérieures seront évaluées strictement – et fermement. Des consignes claires ont été données en ce sens.

Chers camarades, les semaines à venir ne seront pas faciles. Néanmoins, je n’ai aucun doute. Militaires comme civils, unis au sein de notre maison, nous parviendrons à tenir, nous parviendrons à durer, nous relèverons ce défi au service de la population.

Bon courage à tous. Vous avez toute ma confiance.