164 km à pied en 4 jours, en treillis et en rangers, avec un sac à dos lesté de 10 kg de sable. Le tout avec un levé à 3h du matin, et cette année pour la moitié du temps sous une pluie battante… « Mythique » penseront certains, mais j’ai mieux à faire durant mes congés !
Et pourtant, la marche de Nimègue est vraiment une belle aventure à vivre ; ne serait-ce qu’une fois dans la vie d’un militaire. Nimègue : c’est la plus ancienne (elle a été créée en 1909) et la plus longue marche militaire du monde. C’est également celle qui rassemble le plus de participants : 6.000 personnels (auxquels s’ajoutent 42.000 civils qui suivent une formule différente).
Les militaires d’active et de réserve étaient cette année de 30 pays différents : scandinaves, allemands, anglais, suisses, espagnols, canadiens, américains de retour d’Afghanistan ou d’Iraq, et même des gardes pontificaux ! Côté français, nous étions environ 200 (175 en équipes et 25 en individuels) issus des 4 armées et du service de santé : légionnaires, troupes de marine, fusiliers marins, commandos de l’air, l’Ecole des Sports de Fontainebleau, etc. La gendarmerie était représentée par une vingtaine de participants issus d’une dizaine d’unités d’active comme de réserve.
Nimègue c’est aussi un mixe entre :
Le marathon de Paris pour l’organisation sportive : chronométrage, balisage, ravitaillements, antennes de secours, etc.
Une opération de l’OTAN par les nationalités des équipes militaires en présence.
Un devoir de mémoire pour nos soldats (un peu oubliés aujourd’hui) qui ont participé à la libération des Pays-Bas à l’issue de la deuxième guerre mondiale (la Bataille d’Arnhem et l’opération Market Garden qui ont inspiré le film Un Pont trop loin dont l’action se déroule justement à Nimègue). Un hommage leur est rendu au 3ème jour de l’épreuve.
Une marche commandos par équipe pour l’excellent exercice de cohésion qu’il constitue : au fil des jours et dans l’effort, on se redécouvre soi-même et les caractères se révèlent et s’ajustent. Fait exceptionnel pour l’épreuve : tous les membres de l’équipe Gendarmerie emmenée par le CNE LIGIER (GGD 63) sont allés jusqu’au bout !
Le défilé du 14 juillet pour la rencontre entre Armées et Nation.
Le PMI de Lourdes pour la convivialité entre participants.
Un jamborée scout pour les échanges de badges et de couvre-chefs dont elle est l’occasion.
Et surtout : le Tour de France pour l’accueil exceptionnel qui est fait aux participants tout au long du parcours par plus d’un million de spectateurs qui viennent les soutenir. Nimègue est en effet chaque année un grand moment de liesse populaire. L’accueil que nous avons reçu était aussi chaleureux qu’inattendu : nous avons était acclamé au cri de « Vive la France », les enfants nous donnaient des fleurs et des bonbons, des jeunes femmes accortes nous proposaient des « Free Huggs » et des « Free Kiss » bien réconfortants dans l’effort…
Bref, nous avions le sentiment d’être des soldats de la 2ème DB le jour de la Libération de Paris. Une expérience inoubliable, à vivre absolument !
De façon plus anecdotique, Nimègue c’est aussi : sa fameuse « tente à bière » où les troupes viennent se délasser à l’issue de la marche et qui donne à l’événement un air d’Oktoberfest munichois ; sa médaille (reconnue maintenant par la Chancellerie de la Légion d’Honneur) ; et 3 kg de perdu en moyenne par participant…
Faire Nimègue nécessite bien entendu une préparation rigoureuse. Être et durer pourrait être la devise de cette épreuve d’endurance. Sur ce point, il est important de préciser que rien ne sert de courir pour marcher : les muscles sollicités et les appuis sont sensiblement différents. Nombre de marathoniens en ont fait la douloureuse expérience et ont rejoint les 15% de participants qui abandonnent en cours de route. Pour des franciliens, un bon exercice consiste à partir du centre de Paris et à faire le tour de la capitale par les boulevards des maréchaux (environ 40 km).
Avis aux amateurs : la prochaine Marche de Nimègue aura lieu en juillet 2014 !